Quand on pense à Porquerolles, ce sont d’abord ses plages idylliques, ses criques confidentielles et ses sentiers enchâssés dans le maquis qui viennent à l’esprit. Mais l’île cache aussi une autre richesse, plus discrète, souvent méconnue : son circuit de l’eau. Cette randonnée de 4,1 km, à la fois ludique et instructive, sillonne les paysages insulaires en suivant un itinéraire ponctué de 8 stations balisées, conçues pour faire découvrir aux visiteurs les secrets de la gestion de l’eau sur ce territoire isolé. Un parcours accessible à tous, idéal pour les familles, qui mêle éducation environnementale, immersion naturelle et points de vue spectaculaires sur les paysages méditerranéens.
Un sentier pour comprendre l’eau, ressource rare et précieuse
Pourquoi s’engager sur ce chemin ? Parce que cette balade vous plonge dans une dimension souvent invisible de l’île : la gestion durable de l’eau douce. Sur un territoire dépourvu de rivières pérennes, chaque goutte compte. Ce sentier pédagogique vous invite à réfléchir à notre rapport à cette ressource vitale, tout en dévoilant les stratégies mises en œuvre pour sa préservation. Le relief, la végétation, les usages agricoles et la biodiversité locale composent un équilibre fin, patiemment orchestré par l’homme et la nature.
Et ce n’est pas tout : le circuit traverse une diversité de paysages remarquables, allant des vallons boisés aux forêts de pins, en passant par des points de vue saisissants sur la grande bleue. L’occasion d’observer, peut-être, quelques espèces endémiques qui dépendent directement de ces poches d’eau douce.
Les 8 stations du circuit de l’eau à Porquerolles
Le parcours, payant, est à réserver à la Maison du Parc national. Il ne présente aucune difficulté technique et s’adresse à tous les âges. Cette boucle de 4,1 km vous fait découvrir, pas à pas, les mécanismes naturels et humains du cycle de l’eau sur l’île.
Tout commence à la Maison du Parc national, à proximité du village. C’est ici que vous obtiendrez une carte du sentier ou pourrez opter pour une visite guidée. Des panneaux explicatifs détaillent les spécificités du milieu insulaire et les défis liés à la gestion de l’eau douce.

1. Le Puits des Oliviers
Première halte : le Puits des Oliviers. À l’abri d’un cabanon discret, ce puits puise l’eau directement dans la nappe phréatique. Une nécessité sur une île où l’eau provient presque exclusivement des précipitations infiltrées. L’eau est ensuite transférée vers un vaste bassin de 4 000 m³ situé plus loin. Après la crise de 2003, le prélèvement a été strictement limité à 60 m³ par jour pour éviter toute surexploitation.

2. Le hameau agricole et les fossés Fournier
En direction du hameau agricole, vous croiserez les fossés Fournier, des rigoles creusées par François Joseph Fournier, ancien propriétaire de l’île au début du XXe siècle. Ces ouvrages ingénieux canalisent les eaux pluviales et limitent les risques d’inondation dans les vallons. Vous y verrez également une borne à incendie, rappelant la vulnérabilité de l’île face au feu.

3. Le réservoir du cimetière
Non loin du cimetière, le réservoir de 4 000 m³ constitue une réserve stratégique pour l’irrigation des cultures. Tomates, salades, radis et autres légumes y puisent une eau de qualité, bien que son usage reste rationné. Des panneaux vous expliqueront pourquoi le pompage excessif pourrait entraîner une intrusion d’eau salée, mettant en péril l’équilibre de l’écosystème souterrain.

4. Les Conques à Gibiers
Ces petits réservoirs rustiques, appelés conques, servaient à abreuver le gibier. Créés par Fournier pour soutenir sa réserve de chasse, ils sont au nombre de 60 répartis sur toute l’île. Des trous maçonnés recueillant l’eau de pluie, protégés par des branchages, étaient parfois remplis manuellement pendant les longues périodes de sécheresse.

5. Le vallon de Fortuné – oued porquerollais
Bienvenue dans un milieu rare : un oued méditerranéen, cours d’eau temporaire, alimenté uniquement par les pluies. Bordé de joncs, de scirpes et de chênes verts, ce vallon présente une végétation plus humide que dans d’autres zones de l’île. Il accueille une faune discrète mais essentielle à l’écosystème insulaire.

6. La station d’épuration
À Porquerolles, chaque goutte d’eau est précieuse. La station d’épuration fonctionne selon le principe des boues activées : des micro-organismes y digèrent naturellement les matières organiques, sans traitement chimique. Jusqu’à 1 000 m³ d’eaux usées y sont traités chaque jour, avant d’être envoyés vers le lagunage pour une épuration finale.

7. Le lagunage
L’eau suit ici un processus de purification en trois bassins successifs pendant une trentaine de jours. Roseaux, iris, massettes, lentilles d’eau… La végétation joue un rôle central dans cette épuration naturelle. Une fois purifiée, l’eau est utilisée pour l’arrosage goutte à goutte des vergers conservatoires. Elle reste toutefois impropre à la culture maraîchère en raison de ses caractéristiques biologiques.

8. Les vergers du Conservatoire botanique national méditerranéen
Dernière étape de cette boucle pédagogique : les vergers du Conservatoire botanique. Bien que modestes en taille, ils regroupent des centaines d’espèces fruitières méditerranéennes précieusement sauvegardées : figuiers, pêchers, oliviers, mûriers, palmiers dattiers… Un patrimoine génétique végétal remarquable, à l’ombre duquel il fait bon terminer cette promenade.
Pour regagner le point de départ, suivez le chemin qui longe le jardin Emmanuel Lopez jusqu’au village. En chemin, soyez attentifs : libellules, oiseaux d’eau et plantes spécifiques aux milieux insulaires pourraient bien croiser votre route. Des témoins silencieux de la qualité de l’eau et de l’harmonie écologique de cette île pas comme les autres.